L'astrologie humaniste


Dane Rudhyar est le pionnier de l'astrologie humaniste, c'est dans les années 60 que l'astrologue utilisa ce terme pour la première fois.

Rudhyar intégra l'astrologie dans une vision plus globale, ces études théosophiques l'ont influencées dans la création de lien entre le psychisme et le cosmique. Le thème devint dès lors la structure de base de la personnalité sur le plan psychologique.
L'astrologie occidentale fut complètement remodelée par les idées de Rudhyar largement reprises et popularisées par ces nombreux écrits.

1936 est l'année de la publication de son premier grand traité d'astrologie " L'Astrologie de la personnalité ", puis pendant 40 ans il va écrire des articles dans des magasines spécialisés, tels que American Astrolgy, Horoscop, World Astrology...

Pour Rudhyar, l'astrologie ne doit pas répondre au besoin de sécurité, mais devenir un outil de compréhension des événements transformateurs dans la vie humaine. C'est un langage symbolique où la partie (la personne) peut lire le message du plus grand "tout" écrit en grand.

L'apprentissage de l'astrologie humaniste est centré sur le langage symbolique et la philosophie astrologique, il incorpore aussi des notions de psychologie (C.G. Jung), de PNL et de métaphysique.

" Les astres nous influencent mais ne nous déterminent pas " (Ptolémée), tel pourrait être l'adage de l'astrologie humaniste appliquée contrairement à l'astrologie déterminaliste.

L’astrologie est un sujet qui fait depuis longtemps débat, c’est une discipline que les médias aiment ridiculiser en donnant la parole à des astrologues qui causent davantage de tort à l’astrologie qu’ils ne la servent. En écrivant cela on peut penser à ceux qui pratiquent essentiellement l'astrologie événementielle et ceux qui se limitent à écrire des horoscopes dans les journaux. L’astrologie n’est pas une science, dans la mesure où aucun outil à ce jour ne permet de calculer l’influence des astres sur la personnalité d’une personne (ce qui est la base de la science), mais les connaissances astrologiques se sont développées depuis les Babyloniens par l’approche empirique (par la constatation d’un lien entre l’univers et les hommes, le macrocosme et le microcosme).

L’astrologie humaniste est semblable à l'astrologie traditionnelle dans la technique, c'est un art ancestral qui vise à interpréter les mouvements célestes par comparaison avec notre thème astral de naissance. Ce dernier est une photographie du ciel au moment de notre première inspiration. Au moment de notre naissance le Soleil (= notre signe zodiacal) se trouvait dans tel secteur du Zodiaque, de même que la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et les autres planètes se situaient à d’autres endroits...ou pas, car lorsque des planètes sont proches l’une de l’autre (c’est à dire dans la même ligne d’horizon par rapport à une vue de la Terre) on dit qu’il y a une conjonction.

L’astrologie est un langage symbolique, chaque planète symbolise une facette de notre personnalité, chaque planète est importante dans l’étude d’un cas bien que les astrologues ne parlent que de la position de notre Soleil à la naissance, ce qu’ils appellent notre « signe astrologique ». En astrologie le Soleil symbolise notre façon de nous affirmer dans la vie, notre lumière, notre énergie intérieure, notre moteur, c’est notre « désir » selon la définition psychanalytique (l’absence qui nous pousse à vivre pour combler ce vide). La symbolique des planètes constituent le puzzle de notre personnalité, l’angle qu’un astre forme avec les autres dans le ciel facilitent ou compliquent leur relation entre elles et se traduisent par des facilités ou des difficultés à lier des aspects de notre personnalité trop différents, cela débouche ensuite par des blocages psychologiques ou des tensions intérieurs. Ensuite les planètes vont activer une situation de vie symbolisée par la maison dans laquelle elle se trouve (il y a 12 maisons, mais la 1ère est la plus connue, c’est notre Ascendant)…

Je m’arrêterai là dans ma tentative de vulgarisation astrologie.

Quel est le but de ce type d'astrologie ?

Comprendre son présent par une meilleure compréhension de son passé, dénouer les nœuds du passé, éclairer l’inconscient familial pour mieux appréhender l’avenir et exploiter le potentiel de notre thème astral. Toute notre vie passée, présente et futur est inscrite dans notre thème, de même que nos relations à notre famille, notre conjoint, notre intégration sociale, cependant RIEN n’est conditionné et inéluctable car un thème astral peut se vivre à différents niveaux (et c’est là toute la complexité de l’astrologie), tout dépend de la conscience que l’on met sur ce que l’on vit. Nous avons notre libre arbitre, celui de vivre au raz les pâquerettes sans se poser de questions au risque de réitérer ses erreurs, ou bien d’utiliser les événements que la vie met sur notre chemin (bon ou mauvais) pour évoluer.

Pour résumer l'astrologie humaniste apporte un autre autre regard et du recul sur notre vécu, elle replace l'homme dans la nature et l'accorde au rythme de l'univers.


Le langage symbolique


La cohérence que revendique l’astrologie se trouve dans une théorie générale de l’ordre symbolique.

L’idée d’une correspondance entre le microcosme et le macrocosme évite de poser le rapport astres-hommes en termes physiques. La réciprocité analogique permet en effet de rejeter toute idée de causalité. L’astrologie devient alors « un langage où le ciel est le signifiant et l’individu le signifié ; elle traite précisément, sur le plan symbolique, de l’union du signifiant et du signifié. Cela suffirait à penser que les astres ne déterminent pas ce qu’est l’individu mais l’expriment. »

Dans cette hypothèse, l’astre et l’homme deviennent les signes, les indices d’un ordre symbolique transcendant. Cette instance sur le code symbolique est commune à deux grands courants de la pensée astrologique : L'astrologie ésotérique et l'astrologie psychologique.

Les différents ésotérismes, alchimiques, cabalistique, astrologique, reposent sur une croyance commune : il existe une réalité ultime, une vérité, un principe général qui ordonne l’univers.

Seuls les symboles ou les allégories peuvent l’évoquer. Les codes profanes (« exotériques ») ne dévoilent de cette réalité qu’une image appauvrie ou des éléments dispersés ; Au contraire, pour les ésotérismes, « la perception des analogies, en établissant des correspondances entre les différents niveaux de la réalité, tendrait à dégager des foyers de sens appelés symboles d’où rayonneraient des expressions diverses de la grande unité ».

L’astrologie ésotérique ou initiatique n’a plus besoin de trouver un statut épistémologique ; elle tourne délibérément le dos à la science. Elle n’est plus un savoir que l’on cherche à s’approprier : elle devient un tremplin, l’ascèse qui conduit à la mutation globale du savoir et de la conduite. La saisie de la réalité ultime et/ou la découverte du statut de l’être au sein du devenir cosmique deviennent le but, la nécessité, la justification première et dernière, la seule exigence.

L’astrologie peut alors être considérée comme un code sacré, dont la fonction consiste à révéler l’aveuglement des codes profanes ou des pratiques signifiantes qui ne sont pas en même temps des exercices spirituels ou des initiations. La « logique » de l’astrologie, qui entraîne l’initié dans une ronde infinie de rapprochements analogiques, d’associations d’idées, serait elle-même le constat que tout code, fût-il le plus noble, doit finalement se briser (et l’astrologie n’échappe pas à cette fatalité) pour permettre à la réalité ultime d’apparaître.

C’est d’ailleurs là un thème banal des quêtes mystiques, pour lesquelles la plupart du temps la Vérité est indicible, muette, comme figée au-delà du bruit et de la fureur du monde.
Mais l’astrologie initiatique est avant tout une quête individuelle, dont le secret, intransmissible, doit être, pour et par chacun, retrouvé : « Il faut la vivre quotidiennement, la méditer jour et nuit, et celui qui s’adonne à elle de tout son être saisit son ésotérisme comme un initié saisit le secret de l’incommunicable ».

Sources :
André Barbault, De la psychanalyse à l’astrologie, Ed. du Seuil, Paris, 1961.
Raymond Abellio, L’Esprit moderne et la tradition, Ed. Grasset, Paris, 1955.
Alexandre Volguine, L’Esotérisme de l’astrologie, Danglès, Paris, 1953.


L'histoire de l'astrologie


Avant la naissance de l’astrologie, les astres jouaient un rôle central dans la plupart des civilisations. L’organisation sociale était calquée sur l’organisation cosmique et les rites religieux assuraient l’harmonie entre l’homme et le monde. L’ordre cosmique était à la fois le modèle et le garant de l’ordre social ; aussi tout bouleversement dans le cours habituel, éclipse ou comète, était interprété comme un présage cataclysmique pour la société toute entière.
D’autre part, la régularité des phénomènes cosmiques était elle-même liée à la stricte observance des rites magico-religieux.

Si l’homme a déduit du cosmos des règles et des schémas d’organisation sociale, il a peuplé en retour la voûte céleste de dieux à son image, vouant un culte privilégié aux dieux luminaires, Soleil et Lune. Les astres divinisés furent ainsi les régulateurs du temps social et de la vie profane autant que religieuse. Mais la naissance de l’astrologie fut liée aux progrès accomplis dans l’observation du mouvement des astres : l’astronomie et l’astrologie, la science et la magie sont en effet indissociables.

L’astrologie apparaît dans diverses civilisations, en Chaldée, en Inde, en Chine, en Amérique latine. L’astrologie chinoise fut, semble-t-il, florissante plusieurs siècles avant Jésus-Christ, alors que celle des Empires maya et aztèques fut beaucoup plus tardive. Mais certains astrologues découvrent des analogies entre les astrologies chinoise et amérindienne. Il semble exclu que les astrologies chinoise et chaldéenne aient une source commune.

C’est l’astrologie chaldéenne qui est à l’origine de l’astrologie pratiquée en Occident. L’astrologie et l’astronomie mésopotamiennes, dont il est difficile de dater l’origine, sont liées dans leur constitution et leur développement, qui s’étend sur plusieurs siècles.
Pour Marguerite Rutten, « dès la seconde moitié du IIIe millénaire avant Jésus-Christ, un document sumérien apporte déjà la preuve de la croyance en l’influence des astres sur l’existence des hommes ». A ses débuts suméro-chaldéens, l’astrologie se mêle étroitement à la religion : les astronomes-astrologues sont des prêtres-scribes-mages qui décryptent les correspondances unissant le microcosme terrestre et humain au macrocosme cosmique. S’appuyant sur l’étymologie ou opérant par rapprochements analogiques, les prêtres astrologues établissent systématiquement des listes de ces correspondances :
« Chacun des astres, chacune des espèces animales, chaque sorte de plante […], certains actes, certaines fonctions ou professions […] s’intégraient dans le cycle d’une divinité. »
Les devins astrologues forment une caste puissante et privilégiée :
Leur savoir, tenu secret, est réservé aux souverains et aux membres de l’aristocratie. Ce n’est qu’après la conquête d’Alexandre (300 ans avant Jésus-Christ) que l’astrologie, de chaldéenne, devient méditerranéenne et se répand dans le monde hellénistique, puis romain :
Initiatique, elle se vulgarise ; religieuse, elle se « profanise » et devient une science magique.
Au cours de la période hellénistique (IVe, IIIe siècle avant Jésus-Christ), l’astrologie s’individualise. Jusqu’alors, les prédictions astrologiques concernaient essentiellement les événements collectifs (guerres, inondations, sécheresses). Désormais, l’astrologie va se préoccuper aussi du destin personnel : elle se répand progressivement au sein des différentes classes sociales et se « démocratise ».
Les empereurs ont leur astrologue privé mais, dans le même temps, les officines des chaldei ouvertes à tous se multiplient : vrais ou faux Chaldéens, ces devins pratiquent là l’astrologie horoscopique individuelle. Science du destin de l’individu et du monde, l’astrologie continue à influencer divers ésotérismes, hébraïques, chrétien, gnostique.
Si l’astrologie semble ainsi avoir touché toutes les couches de la population, elle ne rencontre pas pour autant une adhésion unanime. D’une part, elle entre en compétition avec les pratiques divinatoires officielles. D’autre part, elle subit les premières attaques de la raison : Cicéron (Ie siècle avant Jésus-Christ) précédé par Carnéade (IIe siècle avant Jésus Christ), posant le problème des catastrophes naturelles qui unissent dans une même mort des natifs de signes différents, passent pour les premiers adversaires scientifiques de l’astrologie. Enfin l’emprise de l’astrologie sur les esprits chrétiens suscite les critiques des Pères de l’Église.

Le passage dans le monde gréco-romain rend la théorie astrologique plus complexe et plus précise, lui faisant acquérir presque tous les éléments dont elle use aujourd’hui. Pour nommer les planètes, la mythologie grecque se substitue aux divinités chaldéennes. Tout en assimilant des croyances populaires, l’astrologie se présente comme un système d’allure savante. Des traités : « L’Astronomicon », de Manilius (10 après Jésus-Christ), le « Tétrabiblos », du mathématicien astronome Ptolémée (140 après Jésus-Christ), fixent définitivement les règles de constitution et d’interprétation des horoscopes individuels.
En même temps qu’il s’individualisait et démocratisait l’astrologie, le passage dans le syncrétisme gréco-romain l’a métamorphosée en lui faisant perdre son caractère religieux : alors que l’astrologie chaldéenne était étroitement liée à la religion, l’astrologie greco-romaine s’en dissocie et ne garde que le caractère scientifico-magique. C’est cette astrologie qui a perduré jusqu’à aujourd’hui.
La civilisation islamique a recueilli, en même temps que l’héritage de la pensée grecque, celui de l’astrologie savante. Cette astrologie savante, perfectionnée par le Arabes, reviendra par l’intermédiaire de l’Espagne dans la pensée du Moyen-Age occidental, pour s’intégrer à ses cosmologies.
Ce n’est qu’au XIIe siècle que l’astrologie s’implantera véritablement en France et en Europe. Il existait déjà une astrologie populaire liée à des croyances de nature agraire et tellurique : astrologie savante et populaire se développèrent malgré l’hostilité de l’Église, qui refusait le déterminisme astral. Pour l’Église catholique médiévale, il s’agissait principalement de défendre le libre arbitre humain et de faire reconnaître l’omnipotence de Dieu. Or, devenue science magique et non plus religion, l’astrologie pouvait être tolérée par l’Église dès lors qu’elle ne contredisait pas les enseignements fondamentaux de la théorie officielle : un compromis avec l’Église put ainsi s’établir, exprimé par l’adage « astra inclinant, non nécessitant », c’est-à-dire « les astres inclinent mais ne déterminent pas ». Saint Thomas d’Aquin (1227-1274) codifia la position de l’Église, qui tolérait l’astrologie, mais à une place secondaire, dans la cosmologie comme dans la croyance.

Du Moyen-Age au XVIe siècle, la croyance astrologique pénétra dans les milieux les plus divers. La diffusion d’une astrologie populaire fut favorisée dès le XVe siècle par la publication d’almanachs ruraux : cette littérature de colportage mêlait préceptes chrétiens, conseils pratiques, prévisions astro-météorologiques, recettes magiques. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les almanachs continueront à véhiculer en milieu rural un syncrétisme magico-pratique.
Parallèlement à cette implantation rurale et populaire, l’astrologie se répandait parmi la noblesse : comme les empereurs romains, les rois de France eurent leurs astrologues, qui jouèrent parfois un rôle politique.

Le panthéisme de la Renaissance donna une impulsion neuve à l’astrologie. La redécouverte des philosophies antiques contribua à étendre la vision harmonique et symbolique du monde dont l’astrologie savante était une des expressions. Le retour à la cosmologie, aux philosophies de la nature, en opposition avec la scolastique médiévale, réanima l’idée de la liaison fondamentale de l’homme (microcosme) à l’univers (macrocosme) : outre l’astrologie des almanachs se diffusait ainsi une astrologie philosophique. Les découvertes des astronomes de la fin du Moyen-Age et de la Renaissance avaient substitué le système héliocentrique au système géocentrique de Ptolémée. Or la naissance d’une astronomie moderne coïncide avec la renaissance de l’astrologie : les astronomes « modernes » eux-mêmes, Copernic (1473-1543), Kepler (1571-1630), pratiquaient l’astrologie. Ainsi, paradoxalement, les hommes de la Renaissance n’établissaient pas une véritable distinction, encore moins une opposition, un siècle avant leur divorce, entre l’astronomie et l’astrologie. L’astrologie, la magie, l’astronomie, la médecine étaient considérées comme des sciences empiriques. Nostradamus (1503-1566), l’astrologue de Catherine de Médicis, était prophète et médecin. Michel Servet (vers 1509-1553), que Calvin fit brûler vif pour hérésie, et Jérôme Cardan (1501-1576) étaient astrologues et mathématiciens. L’antagonisme science-magie, ésotérisme-rationalisme ne commença à se dessiner réellement qu’à la fin du XVIIe siècle.

En 1665 mourut Morin de Villefranche, professeur de mathématiques au collège de France : il fut le dernier astrologue d’État.
Le durcissement du catholicisme, d’une part, l’offensive rationaliste contre la magie et le progrès de la méthode positive dans la science, d’autre part, allaient se conjurer à la fin du XVIIe siècle pour refouler l’astrologie hors du monde savant et religieux.
En 1666, Colbert fonde l’Académie des Sciences et interdit aux astronomes de pratiquer l’astrologie. En 1672, les parlements ne sont plus autorisés à instruire des procès de sorcellerie ; en 1682, un décret du roi interdit, sans succès du reste, la publication et la diffusions d’almanachs astrologiques. L’édit de 1676 ordonnant d’enfermer les fous est sans doute un signe de la lutte de la raison contre tout ce qui s’écarte des normes établies : la folie, autrefois respectée, sacrée, ne représente plus la communication prophétique avec l’inconnu mais l’insensé incommunicable. De même, la magie sera combattue par le rationalisme et mise en marge de la société.

De plus en plus déconsidérée dans les milieux savants ou cultivés, l’astrologie entre désormais dans l’univers souterrain des sciences occultes. Celles-ci constituent, pour leurs détracteurs, un ensemble diffus de superstitions, vestige de siècles d’obscurantisme ; pour leurs adeptes, ce sont des doctrines ésotériques cohérantes mais plus ou moins hermétiques, dont la diffusion se limite au cercle des initiés.
Les illuministes et les membres des sociétés secrètes qui se développent au XVIIIe siècle, en particulier francs-maçons et rose-croix, perpétuent la tradition astrologique savante, réhabilitant un ésotérisme que Morin de Villefranche avait écarté : d’officielle et profane, l’astrologie redevient clandestine et initiatique.
En France, l’astrologie était puissamment refoulée, à la fois par le catholicisme et le rationalisme : moins soumise à la pression religieuse et à la pression intellectuelle, l’Angleterre entretenait alors le courant astrologique le plus fort d’Europe. Un almanach, le « Vox Stellarum » aurait tiré en 1768 à 100 000 exemplaires et atteint en 1863 plus de 550 000 exemplaires8.

Le romantisme européen insuffla une sève nouvelle aux croyances occultes : rejetées hors du monde des savants, elles pénétraient dans celui des poètes, sensibles aux correspondances entre la vie intérieure et le cosmos, l’âme et la nature. Le romantisme d’abord, puis le spiritisme et enfin le renouveau des sciences occultes à la fin du XIXe siècle vont contribuer à faire resurgir l’image d’un monde magique. Et, chose paradoxale, c’est au XIXe siècle, alors que triomphe la conception rationaliste et scientiste du monde, que renaissent le spiritisme, le magnétisme, la chiromancie, l’astrologie.
Sous l’influence d’Allan Kardec, le spiritisme se répand en France après s’être développé en Angleterre. Son essor coïncide avec les premiers ébranlements de la société bourgeoise. Après avoir publié le « Livre des esprits », en 1857, Allan Kardec fonde la « Revue spirite » : désormais livres, revues, congrès, sociétés spirites se multiplient, et Victor Hugo, Flammarion, Victorien Sardou font tourner les tables.

Il existe depuis 1850 des Centres d’initiation aux sciences occultes : Papus, alias Gérard D’Encausse (1865-1910), englobe astrologie, kabbale, théosophie, hypnotisme en une unité syncrétique qu’il désigne sous le nom « d’occultisme ». Papus contribuera largement à la renaissance de l’astrologie. Dans son « Traité élémentaire d’astrologie et d’occultisme », il définit ainsi l’astrologie : « Un rapport préhensible de l’invisible et du visible, un instrument vérificateur de l’interdépendance des phénomènes sidéraux, une illustration expérimentale de la doctrine hermétique ».
Ainsi, au XIXe siècle, l’astrologie s’intègre dans un occultisme généralisé. Au XXe siècle, elle va s’inscrire dans des perspectives modernes. En France, Choisnard (1867-1930) préconise la constitution d’une astrologie scientifique dépouillée de tout occultisme et s’attache à prouver la relation entre l’homme et son ciel de naissance à l’aide de la statistique et du calcul des probabilités.
Ainsi, après une première renaissance occultiste, l’astrologie développe, outre sa branche « occultiste », une branche qui se veut « scientifique ».
Au début du XXe siècle, les associations se multiplient (Société d’Astrologie, 1906 ; société Astrologique, 1909 ; Centre d’Etudes astrologiques de Paris, 1926…) ainsi que les congrès et les revues, manifestant à la fois le succès de l’astrologie et l’importance des divergences entre astrologues.
Mais l’astrologie va sortir des chapelles, des groupuscules et du huis clos des cabinets de consultation en passant dans la grande presse.

Sources :
La Lune, mythes et rites (ouvrage collectif). Ed. du Seuil, Paris, 1962.
S. Hutin, Histoire de l’astrologie, Ed. Marabout, Verviers, 1970.
Marguerite Rutten, La Science des Chaldéens, P.U.F., Paris, 1961.
Bouché-Leclercq, L’Astrologie grecque, Ed. Leroux, Paris, 1899.
Michel Gauquelin, Les Horloges cosmiques, Ed. Denoël, Paris, 1970.
E.Garin, Moyen Age et Renaissance, trad. Fr., N.R.F.-Gallimard, Paris, 1969.
Gérard Simon, Kepler, astronome et astrologue. Gallimard, Paris, 1979.
E.Howe, Le Monde étrange des astrologues, Ed. Robert Laffont, Paris, 1968.
Gérard d’Encausse, Traité élémentaire d’astrologie et d’occultisme, Ed. Danglès, Paris, 1936.
Charles Herbais de Thun, Encyclopédie du mouvement astrologique de langue française au XXe siècle, Ed. Demain, Bruxelles, 1944.


L'astrologie aujourd'hui


Au cours de mes études de Master en Sciences de l'information & communication, j'ai choisi l'astrologie comme champs de recherche, ainsi j'ai basé mon mémoire sur " Les techniques discursives de l'astrologie pour une recherche de légitimité ".
Les recherches bibliographiques et l’enquête menée sur le terrain lors de la réalisation de mon mémoire m’ont permis de comprendre et d’analyser la communication des astrologues à destination d’un public profane.

Ce travail a mis en évidence la relation complexe qui unit l’astrologie et la science, relation qui s’illustre par leur histoire en commun, l’emploi d’un langage similaire, où la nécessité pour tous deux de se vulgariser pour être accessible au plus grand nombre.
La vulgarisation est un moyen de propagation et de pérennisation du savoir qu’elle simplifie et adapte aux différents auditoires.
Cette recherche d’immédiateté est conditionnée par notre génération « zapping » qui s’abreuve d’informations en direct et trouve de moins en moins de temps pour la transmission. Les médias, les nouvelles technologies de l’information communication et les logiques commerciales qui les régissent, accompagnent ce mouvement en privilégiant le spectaculaire et la stimulation des émotions au détriment de l’intellect.

Comme l’enquête le montre, la vulgarisation véhiculée dans les médias permet à la parole astrologique de se positionner au même niveau que la parole scientifique dans leur débat médiatique grâce à l’importance accordée à l’image dans certaines émissions d’info- divertissement, cela favorise ainsi sa recherche d’alliés et lui permet de se détacher du domaine de la superstition. Néanmoins ce pouvoir de l’image peut avoir des effets pervers pour l’astrologie, en effet cette recherche d’un beau contenant à défaut d’un bon contenu, fait que certains acteurs médiatiques sont mis sur le devant de la scène comme porte-parole d’une discipline au sein de laquelle ils ne font pas l’unanimité. Cette recherche de légitimité ne pourra se faire qu’à travers une organisation matérielle et une coordination des astrologues, seuls facteurs réellement efficaces dans la transmission d’un savoir. La FDAF (Fédération des Astrologues Francophones) et sont code de déontologie ont pour mission de répondre à cette condition sine qua non.

Aujourd’hui, l’astrologie doit répondre à deux problématiques cruciales pour son évolution:

Tenter de conserver son essence en passant par le filtre de la vulgarisation nécessaire à sa diffusion, au même titre que tout savoir scientifique ; et obtenir une légitimité qui puisse l’affranchir du sceau de la science.

 

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